Protection du figuier en climat frais

Le figuier, Ficus carica, est un petit arbre pouvant atteindre une dizaine de mètres de hauteur, originaire de l’ouest de l’Asie, et s’étant progressivement répandu en culture autour du bassin Méditerranéen. C’est un arbre étonnamment résistant au froid, puisqu’il pourra supporter des gels relativement bas de -10°C, voire -12°C et moins selon les conditions. En cas de gel sévère, le figuier sera parfois entièrement rabattu par le froid, jusqu’au sol, pour redémarrer vigoureusement de la souche le printemps suivant. En régions un peu froides, on cherche souvent à protéger la souche du figuier.

Pour garantir une récolte en figues, et notamment en figues fleurs, il faut éviter que les branches soient abîmées par le gel. En régions froides, si le figuier n’est pas de dimensions trop imposantes, on peut toujours envelopper les branches et le tronc d’un large manchon de paille, que l’on peut maintenir à l’aide d’un voile ou un film de plastique laissant passer l’air. Dans ce cas il ne faut pas comprimer la paille, de manière à laisser l’air circuler autant que possible.

Un buttage du tronc est parfois pratiqué, pour mieux protéger la souche. Il a même parfois été appliqué une technique d’enfouissage des branches du figuier en hiver, comme le témoigne le Vicomte de Galbert en 1867 au sujet des figuiers d’Argenteuil, qui produisaient ainsi des récoltes régulières :

Tout le monde connaît et apprécie la figue; fraîche ou sèche, elle est un mets délicat, sucré, d’un goût des plus agréables.Le Midi seul avait eu pendant longtemps le monopole de cette culture. Le figuier, dont le bois est très poreux, tendre, dont la sève est très abondante, est très délicat et gèle, dès que la température s’abaisse sensiblement. Il n’est pas rare, dans le Midi, de le voir surpris par la gelée pendant les nuits claires de janvier et de février.

Dans les climats semblables à ceux des environs de Paris, la difficulté était de trouver un moyen d’empêcher les figuiers d’être saisis par le froid. La commune d’Argenteuil a été assez heureuse pour arriver à ce résultat. Elle produit la plus grande quantité des figues qui se vendent sur les marchés de Paris, sans compter tout ce qui s’exporte en Angleterre et dans une partie du nord de l’Europe. Ce commerce est devenu, pour les cultivateurs de ce pays, une source de richesse aussi considérable que les raisins pour ceux de Thomery, les pêches pour Montreuil, les abricots pour l’Auvergne, les prunes pour Agen, Troyes, Tours et les environs de Paris, les amandes et les olives pour la Provence, les pommes pour la Bretagne, la Normandie et la vallée de la Loire.

Les figuiers cultivés à Argenteuil sont couchés sur le sol; tous les ans, leurs branches sont enterrées, dès que les premiers froids se font sentir, aux mois de novembre ou de décembre, pour n’être découvertes qu’à la fin des gelées, en février ou mars, selon les saisons. Cette méthode mérite d’être signalée à toutes les régions du centre de l’Europe.

Vicomte Alphonse de Galbert, extrait de Arbres fruitiers et fruits, 1867

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